Moi c’est Justin et ma spécialité, c’est le pépin. Devenu le roi des pratiques à ne pas suivre, la MAF m’a demandé de vous raconter mes expériences. Vous l’avez redouté ? Moi, je l’ai fait. D’ailleurs, il faut que je vous raconte…
Justin Pépin ou les vertus de la patience

Car oui, de la patience, il m’en a fallu. Si le véritable point de départ de mon histoire se situe en plein coeur de la Renaissance, lors de la conception et de la réalisation d’un château, magnifique témoignage du savoir-faire des bâtisseurs des siècles derniers, celui de mes pépins est plus récent. L’édifice accuse le coup et d’importants travaux de rénovation sont nécessaires. Comble du bonheur : on m’en confie la direction.

Très rapidement, je me rends compte que j’ai affaire ici à un maître d’ouvrage particulièrement interventionniste. Ce château est le projet de sa vie, et il semble bien décidé à le mener comme il l’entend. C’est-à-dire différemment de ce qu’avait imaginé l’architecte en chef des monuments historiques dont les préconisations en la matière sont obligatoires et conditionnent le versement d’aides publiques.

J’ai beau être d’un naturel optimiste, je sens bien que le fossé se creuse entre ce qu’il m’est demandé, et ce qu’il est possible de faire. Le ton monte. Les impayés aussi.

Dès lors, et parce que je ne suis pas disposé à m’affranchir des règles au seul motif que mon maître d’ouvrage l’a décidé, son immixtion dans le chantier devient totale. Il donne aux entreprises des ordres contraires aux règles de l’art, à l’occasion de visites de chantier auxquelles je ne suis pas convié et cesse le règlement de mes honoraires au motif « que je ne suis plus nécessaire à la poursuite du projet ». L’ego en prend un sacré coup.

La tentation d’abandonner me gagne, mais à l’occasion d’un Rendez-vous de la MAF, j’apprends que ma responsabilité est toujours exposée tant que le contrat de maîtrise d’oeuvre n’est pas résilié. En clair : si un accident arrive par sa faute, c’est moi qui trinque.

Je décide donc de ravaler ma fierté et de faire les choses en bonne et due forme. Comme souvent, cela passe par des courriers recommandés, rappelant le non-respect des éléments contractuels et les menaces sur l’obtention des subventions.

Des pièces indispensables à ma défense que les importantes prestations non réglées sont venues renforcer lors du verdict du juge.

 

L'abandon de chantier : remettre les problèmes à plus tard

 

  1. N’abandonnez JAMAIS un chantier en cours au risque d’être jugé responsable des éventuels sinistres à venir.
  2. Soyez pédagogue et conciliant tout en rappelant les termes du contrat et les obligations qu’il impose à chacune des parties.
  3. Dénoncez systématiquement des ordres passés directement aux entreprises par votre client.
  4. Écrivez à votre maître d’ouvrage afin d’apporter la preuve que vous avez développé les moyens qu’impose votre devoir de conseil.
  5. Utilisez les modèles de courrier et guides disponibles dans la Boîte à outils chantiers, disponible sur votre espace adhérent.