Au premier abord, difficile de ne pas se dire « un de plus ». Dans la lignée des nombreux prix consacrés à l’architecture, il faut croire que la place était encore libre pour une nouvelle distinction. A l’initiative du magazine d’a, le prix 10+1 voit le jour en 2019, à l’occasion d’une première édition test discrète, mais qui promet déjà de bousculer les codes du genre : « en tant que critiques d’architecture, nous connaissions bien évidemment les différents prix existants. Notre volonté était de proposer tout autre chose fondé sur des éléments nous semblant indissociables de l’exercice » explique Emmanuel Caille, à l’initiative du grand prix d’architectures 10+1.
Si le prix d’architectures promet de régénérer le genre, c’est avant tout pour trois raisons : « le prix est gratuit et ouvert à tous, le jury est uniquement constitué d’architectes critiques ou journalistes et donc indépendant, et enfin il s’engage à visiter les bâtiments. La plupart des prix aujourd’hui ont pour objectif d’être rentable économiquement, le prix de d’a est au contraire pour nous une charge financière. » des caractéristiques qui en font une distinction sans équivalent aujourd’hui.
« De la fondation de milliardaire au cabanon au fond du jardin »
De même que les lauréats ne sont pas répartis en catégorie en fonction de leurs réalisations, la rédaction du magazine a fait le choix de n’apporter qu’une importance infime à l’aspect financier du projet : « nous nous intéressons aussi bien à des réalisations à gros budget privés qu’a de très modestes opérations publiques, de la fondation d’un milliardaire à la cabane au fond du jardin ! »
Plus déterminante, selon Emmanuel Caille, que le montant investi, la rationalité économique du projet oriente le travail du jury : « un gros budget peut générer une architecture vulgaire, mais qui reprocherait à notre-dame de paris d’avoir coûté 100 fois plus qu’une grande halle ? » interroge le rédacteur en chef.
10+1 réalisations primées
En phase avec l’époque, le grand prix d’architectures 2020 se dresse au cœur du village de Mandailles-Saint-Julien, dans le Cantal. Une architecture rurale par un homme, Simon Teyssou, soucieux de réparer le tissu urbain là où il se délite le plus : à la campagne.
Au début des années 2000, il décide d’installer son agence, l’Atelier du Rouget, au cœur d’un hameau de 1000 habitants, à quelques encablures d'Aurillac.
Au cœur de son territoire, il livre en 2019 une « station de pleine nature », lovée dans une vallée comme seul le cantal sait les dessiner. Avec, il propose un bâtiment inspiré par le vernaculaire local, notamment ses vieux hangars en tôle oxydée. Réinterprètant le modèle de la grange-étable traditionnelle, Simon Teyssou joue sur la matérialité, entre charpente en douglas local, acier corten et dallage quartzé. Un alliage qui a séduit le jury : «le travail de fond que Simon Teyssou développe avec les partenaires locaux depuis des années est emblématique de ce que nous attendons de l’architecture en France » explique Emmanuel Caille.
A ses côtés, 10 autres réalisations sont récompensées au cours de la cérémonie :
- Logements sociaux sur le site de la caserne de Reuilly dans le 12ème arrondissement de Paris par Charles-Henri Tachon
- Immeuble de logements sociaux à dijon par Sophie delhay
- Immeuble de logements sociaux à pantin par CAB Architectes
- Toulouse school of economics par Shelley McNamara et Yvonne Farrell, fondatrice de l’agence Grafton
- Ecole nationale supérieure de la photographie d’arles par Marc Barani
- La maison des avocats de Paris par renzo piano building workshop
- Le mantinum à bastia par Isabelle Buzzo, Jean-Philippe Spinelli associés à Aymeric Antoine et Pierre Dufour Architectes
- Immeuble de logements sociaux à paris, par Abinal & ropars
- Chambre des métiers et d’artisanat de Lille par Kaan associés à Pranlas-Descours
- Transformation d’une grange en commerce à Avricourt, par Gens
Un jury composé uniquement d’architectes
C’est peut-être là une autre différence que semble vouloir cultiver la revue d’architectures avec la concurrence : s’en remettre aux choix d’un jury constitué d’architectes. Critiques, journalistes d’architecture, enseignants, chercheurs ou historiens, ils sont 10 à s’être intéressés aux nombreuses candidatures :
- Manon Mollard, présidente du jury et rédactrice en chef de The Architectural Review
- Paul Bouet, doctorant et enseignant à l’ensa Paris-Est
- Jean-François Cabestan, historien de l’architecture et critique d’architecture
- Emmanuel Caille, rédacteur en chef du magazine d’a
- Pierre Chabard, critique et docteur en architecture, enseignant à l’ENSA Paris-La Villette
- Karine Dana, journaliste et vidéaste
- Soline Nivet, critique et docteure en architecture, enseignante à l'ENSA à Paris-Malaquais
- Maryse Quinton, journaliste
- Richard Scoffier, critique d’architecture et enseignant à l’ENSA Paris-Val de seine
- Cyrille Véran, journaliste
La MAF partenaire de toutes les architectures
Entre bonne gestion du projet, parfaite adaptation à la commande et souci de l’architecture, la MAF n’hésita pas longtemps et s’affichait ce jeudi 17 septembre comme partenaire majeur du grand prix d’architectures.
« Que ce soit dans son travail quotidien ou dans le nôtre, la MAF et d’a portent ensemble une vision commune : faire la promotion de la bonne architecture, celle des compétences, celle du bien construire, celle d’une architecture de qualité » s’enthousiasme le rédacteur en chef.
Lorsque qu’on lui demande si des nouveautés seront au programme de l’édition 2021, le rédacteur en chef sourit : l’essentiel est assuré, il y aura bien une troisième édition du Grand Prix d’Architectures.
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