La matière brute est, il faut l’avouer, indigeste. Pour autant, il y réside des indicateurs clés sur l’activité des architectes français :
- Quelle place l'architecte occupe-t-il dans le marché de la construction ?
- Comment se répartissent les projets entre neuf et rénovation ?
- Qui sont les architectes français, que construisent-ils et où le font-ils ?
Compilées dans une édition appelée « Les chiffres MAF », ces données sont ensuite proposées aux partenaires de la Mutuelle (Ordre, syndicats, ministères).
2020 n’échappe pas à la règle, et les travaux 2018 déclarés en 2019 offrent des enseignements précieux. Dé-cryptage.
Une part du gâteau faussement plus grosse
Dans un monde de la construction qui retrouve des couleurs et renoue avec une reprise de l’activité solide depuis 2016, les architectes surfent sur la vague. L’année 2018 enregistre une croissance de 3,3 % à 143 milliards d’euros, soit mieux que les 142 milliards d’euros1 de l’année 2008, référence pré-crise.
Top 5 régional de l’augmentation des volumes de travaux
Pour les architectes, avec une enveloppe globale de 56,04 milliards d’euros, 2018 n’est pas un millésime record mais confirme la tendance : l’activité est en croissance depuis trois ans. Reste que le taux de pénétration dans l’ensemble de l’activité du bâtiment s’érode. À 40,8 % en 2015, il n’est plus que de 39,2 % en 2018.
À qui la faute ? À la lecture des chiffres, le coupable idéal s’appelle la construction hors logements, qui cède en 2018 2,5 % et 3,6 points (de pourcentage) en taux de pénétration quand le monde du bâtiment bondit de 12,5 % sur ce segment. Comprenez : les architectes sont sollicités dans 52,4 % des projets en 2018 lorsqu’ils l’étaient à 56,1 % l’année précédente.
Le logement, quant à lui, est porteur pour les adhérents MAF. Si plusieurs années noires ont marqué durablement les esprits, un chiffre renseigne sur l’embellie du moment : 4,8 %. C’est l’augmentation du montant de travaux déclarés en logements à la Mutuelle, portant à 26 milliards d’euros l’enveloppe. Après une année 2018 que tous les observateurs s’accordent à qualifier de dynamique, il y a de fortes chances pour que les 26,8 milliards d’euros de travaux enregistrés en 2011 soient franchis, établissant un nouveau record dans le domaine.
Quelle activité pour les architectes français ?
Sans véritable surprise, en 2018, la maîtrise d’ouvrage privée reste la plus grande pourvoyeuse d’activité pour les architectes. À 73,9 % du total, c’est même 1,9 point (de pourcentage) de mieux que sur l’exercice 2017.
Portée par son dynamisme économique et la pression exercée sur son foncier, l’Île-de-France est, de loin, la locomotive du train « maîtrise d’oeuvre ». À elle seule, la région francilienne concentre 27,1 % du montant des travaux à 15,2 milliards d’euros.
Malgré un repli de 0,5 % sur l’année, l’écart demeure immense avec l’Auvergne-Rhône-Alpes, deuxième région la plus dynamique avec ses 8 milliards d’euros d’activité des architectes.
Reste une tendance, positive : sur les 18 régions françaises, 14 montrent une augmentation de l’activité, parfois considérable (voir schéma ci-dessus).
Architecte, qui es-tu ?
Le marché évolue, la sociologie de la profession également, témoin de son époque : les lignes bougent en faveur d’une féminisation de ses rangs. Si l’on remonte aux chiffres publiés dans l’édition 2017, traitant les données déclarées en 2016 à propos des travaux de 2015, on observe une mue lente mais pourtant bien en marche : à 28,1 %, le taux de femmes architectes constaté en 2018 dépasse la barre symbolique des 30 à 30,3 %.
Une parité encore loin, qui sera obtenue, à ce rythme, à l’horizon 2030, mais porteuse d’une promesse pour l’avenir : celle de voir davantage de femmes aux commandes d’agences d’architecture.
L’ensemble des « chiffres MAF » sont disponibles en téléchargement depuis votre espace adhérent, dans la rubrique documentation.
1. Base FFB nouvelle méthodologie
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20 décembre 2024