L’essentiel de la semaine dans le monde de l’ingénierie en trois temps forts : un exploit technique exceptionnel sur le pont de Luzancy, l’annonce par l’ESTP d’un nouveau bachelor « GéoData et Génie civil » et les résultats impressionnants du groupe Artelia qui dépasse les objectifs de son plan stratégique.
L’actualité des concepteurs : Ingénieurs n°18

Le défi du pont de Luzancy | Relever un tablier sans toucher à sa précontrainte

À Luzancy (Seine-et-Marne), une prouesse technique vient de redonner vie au premier pont en béton précontraint conçu par Eugène Freyssinet en 1946. Face à la détérioration de l’ouvrage de 55 mètres qui avait nécessité des restrictions de circulation, l’entreprise Technirep a développé une méthode de recalage inédite.

La solution retenue a consisté à exercer une poussée horizontale sur le tablier pour compenser le relâchement des fils de précontrainte. D’une complexité rare, l’opération a mobilisé 18 vérins développant une force de poussée effective de 960 tonnes pour relever la clé de 6 centimètres. Les ingénieurs ont dû surmonter plusieurs défis techniques, notamment le maintien d’un équilibre parfait entre les trois caissons indépendants du tablier.

En complément, d’importants travaux de réparation ont été réalisés sur les bétons endommagés, les ancrages et les garde-corps. Une nacelle négative a permis d’intervenir sous l’ouvrage sans perturber le trafic fluvial. Cette rénovation, d’un coût de 923 000 euros HT, a débuté en juillet 2024 pour se terminer en avril 2025. 

Bachelor GéoData | L’ESTP forme les spécialistes de la donnée géospatiale pour le BTP

L’École Spéciale des Travaux Publics (ESTP) innove avec un nouveau bachelor « GéoData et Génie civil » qui débutera en septembre 2025 sur son campus de Cachan. Ce programme de grade licence, conçu pour former annuellement une trentaine de professionnels, répond à une demande croissante de cadres intermédiaires dans le secteur de la géomatique et des données géospatiales appliquées au génie civil.

Le cursus s’articule autour de cinq axes majeurs, dont 25 % des enseignements (400 heures) consacrés au numérique dans la construction. Les étudiants seront formés à la manipulation d’outils de pointe : télédétection spatiale, lasergrammétrie, photogrammétrie et intelligence artificielle géospatiale.

La formation privilégie une pédagogie de projet avec des applications pratiques. Dès la deuxième année, les étudiants alterneront entre entreprise et école selon un rythme mensuel. Le programme vise à former des professionnels capables de travailler aussi bien sur le terrain qu’en bureau d’études, alliant expertise technique et vision durable des projets de construction.

Ce bachelor offre une double perspective : une insertion professionnelle immédiate à bac+3 ou une poursuite d’études, notamment vers le cycle d’ingénieur de l’ESTP.

Artelia en avance sur sa feuille de route stratégique

Le groupe d’ingénierie multidisciplinaire Artelia vient d’annoncer des résultats qui dépassent les objectifs de son plan stratégique 2020 - 2025. Avec un chiffre d’affaires de 1,15 milliard d’euros enregistré fin 2024, le groupe atteint, avec une année d’avance, la barre symbolique du milliard qu’il s’était fixée pour 2025.

Cette performance résulte d’une double stratégie : une croissance organique de 8 % combinée à une expansion externe de 9 %, notamment grâce aux acquisitions comme FNX-Innov au Canada et Pick Everard au Royaume-Uni. L’entreprise vient également de finaliser celle de LCI en Australie, une société de 300 collaborateurs spécialisée dans les bâtiments complexes.

Selon Benoît Clocheret, directeur général du groupe, Artelia se positionne désormais dans le top 12 européen et parmi les 40 principaux acteurs mondiaux de l’ingénierie. Le groupe couvre un spectre complet de marchés : industrie, bâtiment, infrastructure, eau, transport et énergie.

Pour l’avenir, Artelia prévoit de privilégier la croissance organique tout en visant une progression de 5 à 10 % en 2025. En parallèle, 500 collaborateurs travaillent déjà à l’élaboration du prochain plan stratégique à l’horizon 2030.