
Rachida Dati dévoile sa feuille de route pour l'architecture | Entre espoirs et scepticisme
Le 4 février 2025, Rachida Dati, ministre de la Culture, a présenté la nouvelle Stratégie nationale pour l'architecture (SNA) 2025-2029, suscitant des réactions mitigées dans la profession. Cette feuille de route qui comporte 30 mesures, . aborde plusieurs enjeux majeurs, mais manque de précisions sur leur mise en œuvre concrète.
Parmi les annonces phares, notons l'objectif d'augmenter de 20 % le nombre d'étudiants sur dix ans dans les Écoles nationales supérieures d'architecture (Ensa), avec l'ambition d'accueillir 20 % d'étudiants issus de filières professionnelles d'ici 5 ans. La création d'une nouvelle Ensa à La Réunion est confirmée pour mars 2025.
La SNA prévoit également le lancement d’une nouvelle édition des « Archi-Folies ». Après les pavillons de fédérations sportives bâties pour les JOP de Paris 2024, les étudiants en architecture et leurs enseignants seront invités à concevoir et réaliser 21 appartements démonstrateurs pour penser le logement de demain. A noter également : le doublement des vacations des architectes-conseils de l'État et 100 contrats doctoraux supplémentaires sur la transition écologique. La question centrale de la réhabilitation reste cependant en suspens, renvoyée à une « réflexion interministérielle » sans calendrier précis.
Si les intentions sont globalement saluées, l'absence de détails sur le financement et le calendrier de ces mesures soulève des interrogations dans la profession, comme en témoignent quelques réactions recueillies lors de la présentation.
L'abbaye de Montmajour | Nouveau terrain d'expression pour le Prix W 2025
Pour sa 11e édition et son 20e anniversaire, le Prix W de la Fondation Wilmotte a choisi un site patrimonial d'exception : l'abbaye de Montmajour à Arles. Créé en 2005 par l'architecte Jean-Michel Wilmotte, ce concours biennal invite les jeunes architectes européens à repenser l'alliance entre patrimoine et architecture contemporaine.
Le défi 2025 se concentre sur les vestiges du monastère Saint-Maur, un palais néo-classique du XVIIIe siècle dont il ne reste qu'un « petit sixième ». Les participants devront imaginer un nouveau programme d'occupation et une intervention architecturale contemporaine, tout en respectant des contraintes patrimoniales strictes : conservation des gabarits existants, respect de la silhouette des ruines et de la topographie. Une initiative qui s'inscrit dans la continuité des projets de réhabilitation menés par l’agence Wilmotte & Associés, comme la transformation de l'hôpital Richaud à Versailles ou la Station F à Paris.
Les candidats ont jusqu'au 20 mars pour s'inscrire et jusqu'au 30 mars pour soumettre leurs projets. Les lauréats verront leurs propositions exposées à la Biennale internationale d'architecture de Venise dès le 10 mai 2025.
Archi-UK | Quand le savoir-faire britannique s'expose à Paris
L'Ambassade du Royaume-Uni à Paris a accueilli les 22 et 23 janvier 2025 l'événement « Archi-UK » une opération de séduction réunissant 18 agences d'architecture et d'ingénierie britanniques. Cette initiative gouvernementale, qui a attiré 900 visiteurs, s'inscrit dans une stratégie plus large de rapprochement avec l'Union européenne sous l'impulsion du Premier ministre travailliste Keir Starmer.
Pour le Royaume-Uni, l'architecture représente un secteur stratégique qui génère 7,1 milliards d'euros pour l'économie nationale, dont 1,77 milliard d'euros à l'export. Des agences prestigieuses comme Foster+Partners, Zaha Hadid Architects et RSHP y ont présenté leurs projets et leur expertise, notamment dans les domaines des infrastructures et de la transition écologique.
Si le Brexit a complexifié certaines démarches, notamment en matière de recrutement, les architectes britanniques misent sur la complémentarité des savoir-faire et les partenariats. Le commissaire au commerce Chris Barton a souligné l'importance d'une réciprocité dans les échanges, en encourageant les architectes français à s'implanter au Royaume-Uni. Un événement qui illustre une volonté de maintenir des liens étroits entre les deux pays dans le secteur de la construction, malgré le contexte post-Brexit.
ANRU 3.0 | La rénovation urbaine à la croisée des chemins
Patrice Vergriete, nouveau président de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), annonce une volonté de relancer la rénovation urbaine comme priorité politique nationale. Dans un entretien exclusif, l'ancien ministre du Logement plaide pour un troisième programme ANRU, alors que le NPNRU actuel, doté de 12 milliards d'euros, arrive à échéance en 2030.
Après vingt ans d'existence, l'ANRU élargit son champ d'action au-delà des démolitions-reconstructions emblématiques, en intégrant la réhabilitation du bâti actuel et la transformation des espaces publics. Le financement, assuré par Action logement (8,4 Mds €), les bailleurs sociaux (2,4 Mds €) et l'État (1,2 Md €), devra évoluer avec une participation étatique accrue dès 2026.
Face aux critiques post-émeutes de 2023, Vergriete défend un bilan « très positif » de l'agence tout en reconnaissant des lacunes dans le volet social. La question de l'élargissement du périmètre d'action de l'ANRU reste ouverte, notamment concernant l'habitat indigne hors quartiers prioritaires et les zones menacées par l'érosion côtière.
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03 février 2025