Les retards dans l’exécution des travaux ont souvent pour origine un chantier mal préparé. Entreprises partiellement désignées, délai de préparation trop court, ouvrages existants mal connus… figurent en bonne place des dysfonctionnements annonciateurs de sinistres dans un environnement technique et règlementaire de plus en plus exigeant. Les études d’exécution qui conditionnent la qualité technique de l’ouvrage en pâtissent toujours. Souvent minimisées, voire mal définies, les études de synthèse ont pourtant pour objet d’assurer, pendant la phase des études d’exécution, la cohérence spatiale des éléments d’ouvrage de tous les corps de métiers. Il s’agit de respecter des dispositions architecturales, économiques, techniques et d’exploitation-maintenance du projet.
Plus concrètement, la synthèse consiste à compiler les documents d’exécution des entreprises en les comparant avec le projet ; à détecter les conflits techniques à partir des études préliminaires des entreprises ; à décider des rectifications sous l’arbitrage de la maîtrise d’œuvre ; et enfin, à produire les plans de synthèse qui serviront de base à la finalisation des plans d’exécution. La MAF rappelle le caractère crucial de cette mission et la procédure qui l’accompagne, dans le chapitre n°4 de sa Boîte à outils chantier, intitulé « Synthèse »1.
Rappelons que pour exister, cette mission confiée à l’architecte (mission complémentaire)2, à une entreprise ou à un bureau d’études, doit être contractuelle et rémunérée. Les maîtres d’ouvrage ignorent ou négligent trop souvent cet impératif.
CONTINUITÉ DES ÉTUDES POUR LA MAÎTRISE D’ŒUVRE
Confiée à la maîtrise d’œuvre, la mission Synthèse permet une continuité du travail de conception et implique fortement l’architecte dans le détail du chantier. Elle convient particulièrement aux petites opérations dans lesquelles les artisans ne disposent généralement ni des compétences ni des moyens pour ce travail. Pour les opérations d’importance, la maîtrise d’œuvre y verra également un atout pour assurer la continuité des études, et une suite logique à la production des plans d’exécution lorsque la mission EXE est de son ressort.
Confiée à l’entreprise principale, ou au titulaire du lot chauffage-ventilation-climatisation (CVC), la synthèse bénéficie d’une bonne articulation avec les études d’exécution de ces lots en particulier dans la gestion de la multitude de réservations. La mission doit alors être soigneusement décrite dans les clauses administratives du marché de travaux de l’entreprise concernée.
Enfin, confiée à un bureau d’études indépendant - doté d’une solide expertise en la matière -, la synthèse bénéficiera d’une certaine impartialité dans la gestion des demandes des entreprises.
PAS DE VISA ARCHITECTURAL SUR LES PLANS DE SYNTHÈSE
Dans ces deux derniers cas, les réponses apportées pour résoudre les conflits entre lots sont toujours soumises à l’arbitrage de la maîtrise d’œuvre. Celle-ci veille notamment à la conformité architecturale. En revanche, bien qu’elle participe activement à la synthèse, la maîtrise d’œuvre n’a pas à viser les plans de synthèse (si le maître d’ouvrage ne l’exige pas), ses visas étant destinés aux seuls plans d’exécution des entreprises.
Soulignons que le contenu de la mission Synthèse et le rôle de chaque intervenant doivent être énoncés et diffusés dans le contrat du titulaire bien sûr, mais également dans les pièces marche´ des autres constructeurs (CCAG et CCAP). Si l’architecte n’est pas le titulaire de la mission, le maître d’ouvrage doit désigner le responsable en concertation avec l’architecte. Dans ce cas, le responsable est chargé de la cohérence de tous les visas donnés par l’architecte sur les plans d’exécution.
Rappelons enfin tout l’intérêt que les constructeurs doivent désormais porter à la numérisation des projets. La visualisation 3D des conflits techniques s’impose progressivement. Ainsi, la maquette numérique et la plateforme collaborative du Building information model (BIM) facilitent et fiabilisent grandement les études de synthèse et la communication qui l’entoure. Sans pour autant rendre secondaire cette étape3.
LA SYNTHÈSE EN 7 ÉTAPES
(D’après le chapitre n°4 « Synthèse » de La Boîte à outils chantier de la MAF et « La synthèse », tirée du guide « Architectes, entrepreneurs : mode d’emploi 2019 » de l’OGBTP)
- Constitution d’une cellule avec les représentants des entreprises sous la direction d’un responsable (et mise en place de la procédure d’échanges) ;
- Fourniture, par le lot principal, des fonds de plans de synthèse et réalisation des plans directeurs (plans d'architecte pour les petites opérations) ;
- Fourniture, par les entreprises, des pré-plans d’exécution ;
- Mise en forme des plans de synthèse, en cohérence avec les plans techniques des entreprises ;
- Coordination dans l'espace des réseaux techniques et des gaines ; Identification des conflits
- Cohérence des besoins en réservations et des percements ; élaboration des solutions
- Vérification de la faisabilité des calfeutrements et du respect des règlements ;
- Définition des incidences des appareillages et terminaux sur les lots de finition concernés
- Suivi et coordination des entreprises concernant la mise a` jour de leurs plans techniques
- Arbitrage de la maîtrise d’œuvre
- Réalisation des coupes de détail pour les points délicats ;
- Finalisation des plans de synthèse : établissement des tableaux de réservations ;
- Une fois les plans de synthèse signés par les entreprises, elles établissent les plans de réservations.
2. Voir la mission complémentaire G 4.4 - SYN - Les études de synthèse dans le CCG du contrat d’architecte pour travaux neufs proposé par le conseil national de l’ordre des architectes ; https://www.architectes.org
3. Pour en savoir plus : voir « La synthèse » sur le site internet de l’OGBTP: http://ogbtp.com/sites/default/files/documents/Documents/synthesecomite.pdf