Il y a quelques mois de cela, mon téléphone sonne. À l’autre bout du fil, un couple partage son bonheur avec moi : depuis peu, ils sont les heureux héritiers d’une magnifique villa. La valeur de ce trésor familial est, à leurs yeux, inestimable. Celle de la rénovation l’est davantage. Rapidement, ils me mettent en garde : les revenus sont modestes et il ne faudra pas espérer de rallonge de l’enveloppe en cas de dépassement.
La rengaine n’est pas nouvelle, nous la connaissons bien : faire le mieux pour le moins. Non, vraiment, si problème il devait y avoir, il ne serait pas à chercher ici. D’autant que mes mésaventures passées m’ont appris que je ne saurai être tenu à une obligation de résultat, et je me garde bien de contractualiser une quelconque performance ou un budget attendu.
Une fois acté le démarrage de la collaboration, la phase d’étude et de diagnostic s’efface rapidement au profit des travaux. Le couple sait ce qu’il veut, et moi, je sais ce que je peux.
L’euphorie des premiers jours ne tient pas longtemps : rapidement, le chantier fait apparaître un certain nombre de soucis. L’humidité est omniprésente et de graves problèmes structurels sont vite découverts. Impossible de les enjamber : il faut traiter les deux à l’occasion de la rénovation.
Le couperet tombe avec le nouveau chiffrage : le coût supplémentaire engendré excède les possibilités financières des maîtres d’ouvrage.
Encore loin de la fin de chantier, c’est le début des problèmes avec l’entrée en jeu du juge. Il reproche « au maître d’oeuvre d’avoir commis l’erreur de ne pas demander au maître de l’ouvrage de faire réaliser un diagnostic adéquat, il lui impute une part de responsabilité et le condamne à prendre en charge des dommages et intérêts pour perte de chance d’avoir pu permettre au maître de l’ouvrage de renoncer à son projet s’il en avait connu le coût avant ».
To do list :
- S’assurer que le maître de l’ouvrage s’est fixé un programme clair et que ce programme est en adéquation avec l’enveloppe financière qu’il a retenue.
- Demander au maître de l’ouvrage de faire procéder aux diagnostics réglementaires et techniques nécessaires au regard du type de travaux prévus.
- Introduire dans le contrat de maîtrise d’oeuvre une clause rappelant au maître d’ouvrage le risque de travaux supplémentaires nécessaires et non prévus découverts en cours de réalisation et qu’il s’engage à les prendre en charge (prévoir un budget suffisant).
- Faire valider, dès connaissance, la prise en charge financière par le maître de l’ouvrage, de tous travaux supplémentaires nécessaires à la poursuite de l’opération.
Les mésaventures de Justin Pépin sont tirées de faits réels rencontrés dans les dossiers sinistres de la MAF.