Après avoir longtemps siégé au Conseil économique, social et environnemental, l’organisation du Prix investit de nouveaux lieux pour sa prestigieuse cérémonie. Cette année, le gotha de l’architecture française était invité à se retrouver dans l’emblématique Halle Freyssinet, devenue Station F en 2017 après sa transformation par Jean-Michel Wilmotte.
La MAF, baromètre de la profession
Jean Claude Martinez, président de la MAF, profitait de cette occasion pour annoncer une première analyse sur le résultat de l’activité du secteur en 2020 : « la contraction globale du volume d’affaire est réelle mais contenu ».
Des disparités territoriales et conjoncturelles existent : « le logement résiste beaucoup mieux que la production de bureaux, d’industrie ou de loisirs. Le volume d’affaires lié à la santé, enjeu majeur des derniers mois, est aussi attendu en net recul. D’un point de vue géographique, la Normandie semble la seule région à ne pas afficher un volume d’affaire global en repli sur l’année 2020. »
Des tendances plus que des analyses que devront confirmer les prochains mois, avant que l’intégralité des données soient publiées dans les « Chiffres MAF » dont la parution est prévue début 2022.
Équerre d’argent 2021 : l’école de la sobriété
Dans ce temple de la startup nation, le jury a salué une architecture « efficace et subtile, au service de la communauté ».
Le lauréat 2021 l’illustre bien : le groupement scolaire et périscolaire de Neuvecelle en Haute-Savoie, conçu par l’Atelier PNG Architecture, est une ode à l’intégration dans le paysage, à l’efficacité et à la créativité. À l'issue de longs débats, le jury présidé par Christian de Portzamparc (77 ans et une trentaine de médailles dont le Grand prix national de l'architecture en 1992, le Pritzker en 1994, l'Équerre d'argent en 1988 et 1995, le Praemium imperiale en 2018) a estimé que « ce programme intelligent en face du Lac Léman s'intègre avec subtilité et pertinence dans le paysage urbain. Il fait éclater le programme en plusieurs bâtiments pour se fondre avec les petites unités de logements autour, tout en formant un élément central dans le village ». Et d'ajouter : « l'ensemble est intelligent, modeste, joyeux et partagé. Ce sont les valeurs de l'urbanisme d'aujourd'hui que de savoir réussir les lieux du commun ».
Le groupement comprend 6 classes de maternelle, 9 classes d’élémentaire, un restaurant, une bibliothèque, un gymnase, un parking et des espaces extérieurs.
Prix de la Première Œuvre : 3 matériaux et un duo
Particulièrement attendu, le Prix de la Première Œuvre distingue le travail d’une ou d’un architecte de moins de 35 ans au moment de la livraison. Après l’Atelier de l’Ourcq en 2020, c’est l’Atelier ACTM, d’Adrien Cuny et Thomas Mouillon qui est récompensé pour la réalisation d’une résidence d’artistes à Sergy (Ain) : Bermuda. Le projet est né de l’envie de plusieurs artistes de mutualiser leurs espaces de travail pour créer des ateliers plus spacieux, mieux outillés et qui leurs permettent d’inviter des résidents. En somme : un lieu de vie plus qu’un lieu de travail.
« Avant d’être un bâtiment, Bermuda est une aventure dans laquelle nous avons tout de suite cru et nous sommes engagés. Nous avons porté ce projet à chacune de ses étapes, de la recherche de fonds au suivi de chantier » explique Thomas Mouillon, co-fondateur de l’Atelier. « Le métier d’architecte n’est pas toujours simple et cette reconnaissance est une invitation à s’engager dans de nouvelles voies. »
Dans la même catégorie, l’agence Syvil de Damien Antoni, Achille Bourdon, François Giannesini et Lucie Jouannard reçoit une mention spéciale du jury pour la réalisation d’un « espace urbain de distribution » à Porte de Pantin à Paris. Une plateforme logistique destinée à optimiser les chaînes de livraison en milieu urbain.
Enfin, la MAF a tenu à exprimer une pensée particulière pour Franck Hammoutène, ancien lauréat de l’Equerre d’argent en 2006, décédé récemment.
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22 novembre 2024