Vous êtes un des associés à la tête de l’agence Saison Menu, située à Lille.
C’est ça ! Nous sommes trois architectes urbanistes associés : Isabelle Menu et Luc Saison, gérants fondateurs, et moi-même qui ai rejoint l’aventure en 2008 et suis devenu associé en 2020. J’insiste sur « architecte urbaniste », car il s’agit d’une réelle spécificité. Isabelle Menu travaille régulièrement sur des projets urbains d’envergure. Pour ne citer que les plus marquants, j’évoquerai Paris-Saclay, Euralille 3000 ou encore le quartier Tourcoing La Bourgogne.
Architecte urbaniste, qu’est-ce que cela implique ?
Avant tout, que nous avons la capacité de travailler sur des échelles variées et tout ce que cela implique, de la coordination des études à celle des équipes sur des projets complexes.
À côté de cela, nous travaillons également sur des projets de logements, de bureaux, d’équipements et de réhabilitations lourdes.
Quel bilan tirez-vous de la période covid ?
Il est malheureusement trop tôt pour en parler au passé, mais ce qui s’est révélé être le plus bloquant dans notre travail fut la fermeture des mairies à l’occasion du premier confinement.
Plusieurs projets, arrivés en phase « permis » ont dû être suspendus faute de pouvoir être traités, avec pour conséquence directe la mise en chômage partiel de certains collaborateurs.
Heureusement, ce modèle n’a pas été dupliqué sur les autres confinements, et l’instruction de nos dossiers a pu se poursuivre, nous permettant la reprise de notre activité.
Un contexte que la pénurie de matériaux n’arrange pas…
Non, c’est certain ! Tout est rendu plus compliqué, de l’appel d’offres au suivi de chantier. Ces phénomènes conjoncturels, bien que je les croie éphémères, génèrent des tensions et des inquiétudes chez nos partenaires.
Certains de vos maîtres d’ouvrage préfèrent-ils retarder leurs projets ?
Oui, malheureusement. À l’agence nous travaillons par exemple sur deux projets d’hôtellerie en région lilloise, qui se sont arrêtés avant de reprendre timidement. Pénurie de matériaux, pandémie ? Difficile de ne citer qu’un seul coupable, cependant une chose est certaine : l’époque n’est pas la plus heureuse pour conduire des projets de construction !
Est-ce que cela vous conduit à changer vos habitudes ?
Nous devons rester agiles, mais les convictions sont toujours bien présentes. Nous restons convaincus que l’architecte doit pouvoir garder le contrôle de son dessin sur chacune des différentes phases. Chez Saison Menu, cela se traduit par le suivi d’un projet de la conception au chantier par le même architecte.
C’est une richesse de notre métier, et c’est la condition d’une continuité de notre apprentissage. Nous le constatons, un jeune architecte qui a suivi une première fois un projet jusqu’au bout ne conçoit plus de la même manière par la suite. J’en veux pour preuve des exemples très concrets, que mes confrères doivent connaître aussi bien que moi, comme l’anticipation, dès la conception, du passage des outils nécessaires à la fixation des éléments. C’est un exemple parmi d’autres qui illustre l’importance de conserver les missions de suivi.
Des projets qui impliquent d’autres maîtres d’oeuvre, j’imagine…
Oui, un projet d’architecture est avant tout une oeuvre collective. Chacun dans son rôle, au gré d’équipes plus ou moins importantes en fonction de la complexité. Bureaux d’études structure, fluide, façade, acousticiens, économistes… Chacun apporte son expertise et concourt à la pérennité du projet.
En ce qui nous concerne, nous travaillons très régulièrement avec Mathieu Bourachot, fondateur de MBO Ingénierie. Sur les projets relativement simples avec des techniques courantes, nous travaillons en autonomie, mais dès que les paramètres évoluent, en fonction de passages particuliers, d’accès difficiles, ou d’une méthodologie de chantier particulière, alors oui, son expertise est indispensable !
Pour prendre l’exemple d’un projet qui nous occupe actuellement, qui mêle bâtiments tertiaires, résidence services senior, mail piétons paysagé et parking souterrain, le rôle de l’économiste est de nous aider à chiffrer les différentes phases, nous alerter sur nos prescriptions et nous permettre de bien cibler le coût d’objectif.