Entre méfiance et enthousiasme écologique, Denis Dessus réagit au Plan de Relance
Les 22 000 entreprises d’architecture que compte l’Hexagone franchiront-elles l’obstacle grâce au plan de relance annoncé par le gouvernement ? Pour le président de l’Ordre des Architectes, il y a fort à parier que non. Pas toutes, du moins. Pointant du doigt le fait que le manque d’audace du projet pénalisera toute la chaîne de production, Denis Dessus revient sur le nécessaire changement de logiciel à opérer.
Pour l’élu, exit la rénovation uniquement « énergétique » et place à une vision globale de la vie du bâtiment, de son usage et de l’évolution des pratiques. Revenant sur les effets pervers d’une relance limitée sur certains pans, il salue toutefois des volontés louables : la place qu’occupe l’écologie dans la relance, l’investissement public appelé à rénover les établissements de santé ou encore la revitalisation d’un réseau ferré secondaire.
Denis Dessus de conclure : « Nous pourrions lister tout ce qui ne figure pas dans le plan, (…) Nous préférons retenir les côtés positifs comme la réelle volonté de « défricher » nos villes, et de lutter contre l’artificialisation du foncier ».
Désormais, il faudra patienter jusqu’au projet de loi de finances pour constater les réelles implications financières du gouvernement.
L’activité des architectes décortiquée par la MAF
Chaque année, la MAF publie son édition des « Chiffres MAF », compilation de données issues de la Déclaration d’Activités Professionnelles (DAP) renseignées par ses adhérents. Avec un décalage de 2 ans inhérent à l’exercice, ce sont donc les chiffres de 2018 qui viennent d’être publiés dans l’édition 2020.
Ces chiffres renseignent sur une batterie d’indicateurs clés pour comprendre l’évolution de la commande et de la profession, entre enveloppe de travaux, taux de pénétration et statistiques régionales.
Le millésime 2018 nous apprend que, bien avant le contexte actuel, le secteur enregistrait une troisième année consécutive de hausse d’activité, à 56,04 Milliards d’euros, largement dû à une maîtrise d’ouvrage privée, majoritaire dans la commande des architectes (73,9%).
En ce qui concerne la répartition de l’activité sur l’Hexagone, sans grande surprise, l’Île-de-France concentre la plus forte densité. En revanche, et c’est un des enseignements de l’année 2018, la dynamique n’est plus la même. Après plusieurs années de hausse, l’activité francilienne marque une légère contraction (-0,46%), quand la Bretagne (+7,06%), les Hauts-de-France (+4,73%), la Nouvelle-Aquitaine (+5,36%) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (+3,05%) font mieux que sur l’exercice précédent.
Les principaux faits marquants de l’édition 2020 des « Chiffres MAF » sont disponibles sur le site d’informations www.lemoniteur.fr ou, pour les adhérents MAF, sur leur espace personnel.
Bouygues fait feu de tout bois
Atteindre 30% de construction bois ou mixte bois-béton de la production totale du groupe d’ici 2030, soit dix fois plus qu’aujourd’hui. Voilà l’objectif que vient de se fixer, et d’annoncer, Bouygues Bâtiments France & Europe, par l’intermédiaire de Fabrice Denis, Directeur de la stratégie construction bois.
Aujourd’hui, le bois chez Bouygues occupe déjà un pôle d’ingénierie spécialisé de trente experts, et fait l’objet d’un large dispositif de formation de son personnel, des compagnons œuvrant sur les chantiers aux dirigeants, en passant par les commerciaux.
Mais le groupe entend faire plus et cette annonce s’inscrit dans la tendance qu’insufflera l’an prochain la nouvelle norme RE 2020. Fixant de nouveaux objectifs de performance thermique et de bilan carbone pour les constructions neuves, cette réglementation entend transformer les prévisions optimistes du gouvernement qui peinent à se confirmer sur le terrain, la demande en bois restant faible.
Pour Bouygues, la machine semble lancée mais la route encore longue : avec une vingtaine de réalisations en bois par an en 2018 et 2019, et une quarantaine en 2020, il y a encore du travail pour atteindre les 30% de ses 600 constructions annuelles.
Assises nationales : « Transformer : interventions architecturales sur l’existant »
Les 4 et 5 février prochain, l’ENSA Normandie, associée aux autres ENSA et à l’école de Chaillot, propose 2 jours de réflexion et d’échanges autour d’un sujet placé au sommet de la pile des priorités par le gouvernement : la capitalisation sur l’existant afin de répondre aux défis de demain, qu’ils soient écologiques, sociaux ou économiques.
L’objectif ? Défricher de nouvelles pistes quant à la revitalisation des centres de villes moyennes ou petites, et proposer une stratégie nationale pour l’architecture qui renforce la capacité d’intervention des architectes sur le bâti existant.
Qu’il s’agisse de réhabilitation, de requalification ou de restauration, les Assises auront une mission : valoriser des projets opérationnels portés par des acteurs de la construction, qu’ils soient maîtres d’ouvrage ou collectivités locales, incluant la participation d’un établissement d’enseignement supérieur ou d’une ENSA.
3 axes articuleront les échanges :
- Patrimoines excentrés. La valeur culturelle peut-elle être un levier de projet dans l’espace rural et les villes moyennes ?
- Nouveaux usages, nouvelles pratiques de projet. L’architecture du XXe siècle, massification ou appropriation ?
- Les enjeux environnementaux de la réhabilitation de l’existant : quels nouveaux modèles de transition décarbonée ?
Les enseignants-chercheurs ont jusqu’au 18 septembre pour déposer un dossier de candidature.
Informations et inscription sur le site rouen.archi.fr.
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22 novembre 2024