Le 5 Juin prochain, la MAF organisera une Assemblée Générale annuelle, comme le prévoient ses statuts. A cette occasion, les adhérents seront invités à exprimer leur vote notamment via le site dédié en ligne. L’opportunité pour le couple dirigeant de la mutuelle d’exposer son analyse sur le contexte économique global, la solidité de la MAF, sa compétitivité ainsi que les nouveautés à attendre.
Au programme de cette seconde interview : prévention de la sinistralité, multiplication des services aux adhérents et Libre Prestation de Services.
Les dispositifs de prévention déployés par la MAF pour contenir la sinistralité portent-ils leurs fruits ?
Jean-Claude Martinez (JCM) : Ces dispositifs ont un double objectif : non seulement contenir la sinistralité et donc les tarifs, mais aussi épargner à nos adhérents les soucis ou les tracas résultant de la survenance d’un sinistre quelle qu’en soit la nature : désordres, réclamation financière d’entreprises, recours du voisinage…Bien au- delà du seul aspect financier, la sinistralité peut engendrer de sérieuses perturbations dans le fonctionnement d’une agence d’architecture ou d’un bureau d’études, voire une perte de réputation. Prévenir le risque fait donc partie des devoirs et obligations pour notre mutuelle.
Il y a quelques années le dispositif AMI pour les maisons individuelles a permis d’enrayer une dérive qui aurait pu à terme rendre le risque inassurable. Bien plus, en généralisant des pratiques plus vertueuses, ce dispositif a renforcé la crédibilité et la présence des architectes sur ce secteur. Telle est d’une façon générale la logique des actions que nous entreprenons.
Nos différentes publications, les ateliers thématiques que nous organisons très régulièrement en région, lors des rendez-vous de la MAF, comme dans les locaux de notre siège sont autant de leviers pour sensibiliser les professionnels à la bonne gestion de leurs risques. Toutes ces initiatives, et bien d’autres encore, contribuent à réguler la sinistralité. Mieux construire est un impératif national auquel la MAF, avec ses moyens et sur son périmètre d’intervention, entend apporter sa contribution.
La MAF multiplie les services à ses adhérents. Quel bilan en tirez-vous ?
Philippe Carraud (PHC) : Nos adhérents sont les premiers demandeurs. Par exemple, ils nous sollicitent de plus en plus pour que nous les assistions dans les phases de contractualisation de leurs missions. Ils sont en effet conscients que la bonne exécution de leurs missions, de même que la qualité de nos actions de défense en cas de difficultés, sont pour une large part conditionnées par l’environnement contractuel qui aura été préalablement mis en place. Dans la même logique, nous avons ouvert une « hot line » juridique et technique, elle aussi de plus en plus questionnée. Tout cela nous conforte dans l’idée qu’un assureur spécialisé dans la protection des architectes et de tous les acteurs de la conception ne saurait s’enfermer dans une définition étroite de sa mission mais se doit au contraire d’enrichir son offre par des services à haute valeur ajoutée. C’est un axe majeur pour la MAF.
Comment analysez-vous le succès de la Boîte à outils chantiers?
JCM : La raison en est bien simple : les architectes n’ont pas qu’une mission de conception générale. Le suivi de l’exécution des travaux est également au cœur de leur activité. Or le contexte notamment juridique de ces missions s’est considérablement complexifié ces dernières années. D’où l’idée de cet outil qui relève d’une double logique de service et de prévention. En complément du site dont l’accès est réservé aux adhérents, nous venons, répondant à une demande forte, de procéder à l’édition papier du guide : en 23 chapitres correspondant à chaque phase du chantier, plus de 400 pages de conseils pratiques et d’outils prêts à l’emploi. De façon très pratique, la MAF veut aider la profession à regagner des missions délaissées ou perdues.
La parité dans les instances est un sujet d’actualité : où en est la MAF ?
JCM : La parité n’est pas une fin en soi mais une nécessité ; le conseil d’administration de la mutuelle se doit d’être représentatif d’une profession qui se féminise. Le conseil, sur 12 architectes en activité, compte aujourd’hui trois femmes. La proportion de femmes administrateurs de la mutuelle devrait augmenter à la faveur des prochains renouvellements. Elles sont déjà très impliquées dans la vie et le fonctionnement de la MAF. L’une d’entre elles a apporté, aux côtés des services de l’entreprise, une contribution décisive à la fabrication de la boîte à outils chantiers ; une autre préside le comité d’audit, instance spécialisée dont on ne saurait trop souligner l’importance.
Vous avez récemment lancé de nouveaux produits d’assurances. Quel accueil ont-ils reçu des adhérents ?
PHC : La protection fiscale MAF a été lancée au dernier trimestre 2018. A ce jour plus de 3000 adhérents ont souscrit à ce qui constitue un nouveau service venant compléter la palette d’intervention du contrat de protection juridique professionnelle. Le succès obtenu témoigne de l’existence d’un véritable besoin et d’une forte attente. Nous avons également lancé un produit de cyber assurance. Le risque est bien là mais la sensibilisation encore trop faible en France dans les entreprises de taille moyenne. Avec l’essor du BIM, la demande pour une assurance et une assistance de type cyber ne pourra que se développer dans les mois et années qui viennent. Nous y sommes prêts à la MAF.
A l’apparition d’une concurrence désormais bien établie, quelle est la réponse de la MAF ?
JCM : La concurrence n’est pas un phénomène nouveau, même s’il s’est avivé ces dernières années. Elle n’est pas en soi une mauvaise chose. En économie de marché, c’est même un aiguillon pour tous les acteurs. Il s’agit donc d’être le meilleur et de l’être dans la durée. En 2018, notre taux de résiliation n’a pas dépassé 0,5%. Autrement dit, 99,5% de nos adhérents ont renouvelé leur fidélité à leur mutuelle. Le démarche de la MAF n’est pas de nature commerciale. Quand la MAF recueille l’adhésion d’une agence d’architecture ou d’un bureau d’études, elle prend un engagement indéfectible : celui d’apporter dans la durée un soutien et une défense de grande qualité. Pour cela, la MAF dispose d’un plateau technique composé de professionnels de très haut niveau dont l’expérience et la connaissance intime des métiers de la conception n’ont à ce jour pas d’équivalent.
Parmi les objectifs de développement de la MAF, l’ouverture au marché des ingénieurs et des bureaux d’études techniques. Pourquoi cette volonté ?
PHC : Cette ouverture n’est pas nouvelle. Depuis longtemps, au travers de sa filiale Euromaf, la MAF s’adresse à tous les professionnels qui, aux côtés des architectes, assument des missions de maîtrise d’œuvre. Elle le fait avec la même philosophie et le même niveau d’engagement. Quand nous pouvons mettre en œuvre au profit d’une équipe de maîtrise d’œuvre une défense conjointe, il est clair que nous gagnons encore en efficacité et en force de frappe. Nous assurons également des bureaux de contrôle et proposons de l’assurance dommage ouvrage aux maîtres d’ouvrage publics ou privés qui contractent avec nos adhérents. Sur tous ces registres, notre professionnalisme est un puissant vecteur de développement.
Quelles sont vos prévisions sur l’évolution du métier d’architecte ?
JCM : Sur la foi de notre expérience et de ce que nous observons, nous ne sommes nullement pessimistes mais au contraire plutôt optimistes, même si certaines difficultés économiques ou évolutions réglementaires peuvent obérer l’exercice des métiers dont nous sommes l’assureur spécialisé. A cette conviction, deux raisons fondamentales. D’abord la demande pour une architecture de qualité reste forte dans notre pays ; ensuite la technicité croissante des bâtiments, que l’on songe en particulier aux exigence environnementales, requiert l’intervention d’équipes de maîtrise d’œuvre de plus en plus qualifiées.
Pour autant, ne soyons pas naïfs : des menaces existent, celle par exemple qui pèse sur la place et l’indépendance des architectes dans les contrats globaux. Voilà par exemple un sujet sur lequel au côté de la profession nous nous mobilisons en essayant d’apporter des solutions concrètes.
Quelles sont les perspectives et les projets qui feront 2019 ?
PHC : Nos projets sont bien sûr très nombreux. Nous en citerons deux qui nous tiennent particulièrement à cœur. A l’automne 2019, nous livrerons un nouvel outil de gestion des sinistres. Outre une amélioration de la performance pour nos équipes internes, ce nouvel outil permettra surtout d’ouvrir cette gestion à nos adhérents et de les rendre ainsi davantage parties-prenantes de leur défense. C’est une attente légitime à laquelle nous sommes heureux de pouvoir satisfaire. Par ailleurs, nous continuerons en 2019 à déployer sur le territoire notre réseau de chargés d’affaires, répondant ainsi à une forte demande de proximité. C’est la capacité d’intervention de la MAF que nous projetons sur le terrain.
Le développement international de la MAF vous donne-t-il satisfaction ?
JCM : Cette présence dans un certain nombre de pays européens proches est ancrée dans la stratégie du groupe MAF depuis de nombreuses années. Ce développement n’a de sens que si dans ces pays nous pouvons devenir l’acteur de référence auprès des architectes et des bureaux d’études, comme nous le sommes en France. Très clairement, nous le sommes désormais en Allemagne, avec une part de marché désormais très significative et un résultat économique pleinement satisfaisant. Le fait que dans nos domaines de compétence nous soyons sollicités par les chambres professionnelles et les autorités publiques est un signe et une reconnaissance.
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22 novembre 2024