A la lecture de ces mots, écrits par Patrick Céleste, auteur de la préface du livre de Michel Possompès, Mes clients et moi, impossible de ne pas sauter sur le téléphone pour appeler cet architecte qui nous veut tant de bien.
Sa voix posée et ses propos mesurés servent une impression qui ne tarde pas à s’afficher comme une évidence, Michel Possompès est un amoureux de l’architecture :
« une opération pour un architecte est quelque chose qui s’inscrit dans sa mémoire, dans sa chair. C’est à chaque fois un enfantement. »
L’homme n’en est pas à son coup d’essai puisque qu’avec « Mes Clients et Moi » il signe sa troisième réalisation. D’ailleurs, lorsqu’on lui pose la question de savoir s’il est plutôt un architecte écrivain ou un écrivain architecte, il le confesse : « Je ne sais pas répondre à votre question ! Je pense que je suis les deux. »
Ecrivain, architecte, finalement cela ne compte pas, seul importe la passion d’un homme pour la discipline :
C’est dans cet enchaînement de petits retards, de petits imprévus qu’il faut chercher la genèse de ce livre :
« j’ai été témoin de péripéties en tout genre : des comiques, des cocasses, des ridicules … et de chacune j’en ai tiré une leçon, une réflexion. Sur des projets de particuliers aisés, je me nourrissais de mes expériences dans des projets plus modestes pour me prémunir contre le laisser-aller, des espaces dispendieux, presque vulgaires qui finissent par ne plus avoir de sens. A l’inverse, dans le cas de projets sociaux, les projets plus fastueux m’offraient la possibilité d’interpréter le cahier des charges avec plus de subtilité, en m’éloignant du sentier tracé par l’obéissance au programme de la maîtrise d’ouvrage. »
De cette analyse croisée, de cette expérience qui se nourrit d’elle-même, Michel Possompès en a extrait les passages les plus savoureux pour offrir au lecteur la compréhension de cette mécanique, l’appréhension d’une architecture globale. « Toutes ces réflexions ont fini par former une pensée, qui s’est transformée en engagement, que j’ai retranscrit dans le dernier tiers de mon livre, sous forme de leçons. Je l’ai voulu résolument humaniste, et c’est cet engagement qui m’a permis de repenser ma manière de travailler et la démarche architecturale».
« Pour réussir lorsqu’on est architecte, il est nécessaire d’être toujours accompagné par des partenaires, et notamment, un assureur »
Forcément, lorsqu’on parle de partenaire, le sujet de l’assurance ne tarde pas à poindre le bout de sa police. Le livre de l’architecte regorge d’ailleurs de référence à la MAF, pour désigner tantôt une aide juridique lors d’un sinistre, tantôt une écoute rassurante et des conseils précis dans un dossier compliqué, osant même la métaphore suivante : « La MAF et moi, c’est une grande histoire d’amour. Avec des engueulades, des gueulantes, des raleries, mais finalement on y revient. »
Interrogé sur ses projets à venir, l’écrivain prend le pas sur l’architecte et c’est vers un nouvel ouvrage co-écrit avec Patrick Céleste que le concepteur nous emmène. Soucieux de décrocher l’architecte du piédestal duquel il lui reproche d’être souvent déconnecté de la réalité, il se nourrit de l’architecture du quotidien : « ma volonté est de se mettre face à la question fondamentale de la maison. Cette maison qu’il faut bien construire, cet étalement urbain contre lequel on ne peut décidément pas grand-chose, afin de trouver des solutions pour protéger les gens contre les marchands de maisons qui ne savent pas penser l’espace. »
Plus largement, Michel Possompès milite pour une « reliance » du bâti dans son territoire. Selon lui, « chaque parcelle de ce territoire mérite son architecture ». Regrettant que les pratiques traditionnelles ne donnent pas lieu à un réinterprétation actuelle, il conclut en interrogeant : « Comment peut-on imaginer que cet enduit monocouche trop rapidement dégueulasse habille les constructions de Saint-Tropez à la Bretagne, du Pays Basque aux Ardennes ? »
« Nous devons faire l’effort d’aller un plus loin pour abolir la lâcheté des organismes vendeurs de maisons et des pouvoirs publics afin que dans toutes les régions s‘éveille une tradition de construction conforme à la culture de leurs habitants. »
Présentation du livre : « Mes Clients et Moi » - Eyrolles - 388 pages - 25€
Quel est le quotidien d’un architecte qui, n’appartenant pas à la poignée de stars internationales occupées à des projets pharaoniques, ne fait pas l’affiche des musées ni la une des magazines ?
Michel Possompès nous le dévoile ici d’un ton plaisant, teinté d’humour. Qu’ils nous fassent rire ou simplement qu’ils nous étonnent, tous ces récits sont authentiques et, à ce titre, exemplaires de la réalité des relations entre l’architecte et son client.
Architecte DPLG, Michel Possompès enseigne notamment à l’école nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais où il coordonne également la formation à l’Habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre (HMONP). Au sein de sa propre agence (à Paris, dans le quartier Montparnasse), il exerce sa spécialité : logement neuf et réhabilitation, habitat social et luxe, conjuguant ces deux approches dans son enseignement.
Sur le même sujet
20 décembre 2024