Par sa conception, ses équipements, ses produits de construction, le bâtiment peut participer à la pollution de l’air intérieur. En informant les maîtres d’ouvrage sur le choix des matériaux, le fonctionnement et l’entretien des installations, les architectes concourent à en limiter les effets sur la santé des habitants.
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Depuis le 1er janvier 2012, les produits de construction et de décoration sont munis d’une étiquette qui indique, de manière simple et lisible, leur niveau d’émission en polluants volatils. Le niveau d’émission est indiqué selon une échelle allant de A+ (émissions faibles) a` C (émissions fortes).1

 

« Ouvrez vos fenêtres pendant 10 minutes tous les jours ! » Cette recommandation s’adresse à tous, quelle que soit la nature du logement, son ancienneté et ses caractéristiques. L’enjeu ? La qualité de l’air intérieur. Généralement associée à l’usage, cette qualité est également le fait des bâtiments eux-mêmes. En tête de la course des polluants les plus remarqués : les solvants organiques, les formaldéhydes, les éthers de glycol… Ces substances sont à l’origine de l’évaporation, à température ambiante, de composés organiques volatils (COV). Ces COV émanent des bois traités, des peintures, des plastiques et des colles particulièrement présents dans les bâtiments neufs. Dès l’installation des habitants, ce cocktail nocif 2 s’enrichit d’innombrables phtalates (plastifiants), bisphénols (plastiques), organophosphorés (pesticides), pyréthrinoï des (insecticides)… émis par les meubles, textiles, produits d’entretien. Ces substances les exposent - particulièrement les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées - à des risques de malaises, maux de tête, perturbations endocriniennes… et sur le long terme, avouons-le pour certains d’entre eux, à des cancers.

 

Rhinites, conjonctivites, asthmes…

Le renouvellement de l’air est indispensable. Mais, dans des systèmes de ventilation mécaniques ou statiques rarement entretenus, l’air extérieur peine bien souvent à balayer les polluants intérieurs dans toutes les pièces de la maison ou de l’appartement. La circulation de l’air y est d’ailleurs parfois entravée : entrées d’air bouchées plus ou moins volontairement ; détalonnage des portes insuffisant, voire obstrué par une moquette épaisse ; bouches d’extraction encrassées ; motorisation mal réglée ou hors service ; défaut d’équilibrage de l’installation… sont le lot des défaillances courantes constatées dans les bâtiments. Elles favorisent une humidité relative malvenue que les ponts thermiques condensent facilement, dopant le développement de moisissures allergènes - invisibles dans la majorité des cas - qui produisent de redoutables toxines à l’origine de rhinites, conjonctivites, asthmes…

Ajoutons que l’air extérieur n’est pas exempt de reproches non plus. Avec les hydrocarbures et autres substances présentes dans les pics de pollutions des villes, cet air se combine aux polluants intérieurs.

Ce tableau de la pollution intérieure vous paraît trop noir ? C’est sans compter avec le très sournois monoxyde de carbone (CO). Incolore et inodore, il se dégage en quantité importante quand des appareils de chauffage ou de production d’eau chaude à combustion sont mal entretenus ou fonctionnent dans une atmosphère confinée, appauvrie en oxygène. Résultat : maux de tête, vertiges, vision floue, fatigue, nausées, somnolence… Le CO est mortel à forte dose (l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur estime à 1 300 le nombre de personnes intoxiquées par an en France, et à une centaine le nombre de décès).

 

Enveloppes étanches et ventilation performante

C’est sans compter, également, avec les plus rares mais non moins dangereuses légionnelles. Ces bactéries à l’origine d’infections respiratoires s’en prennent aux personnes immunodépressives qui inhalent les gouttelettes d’eau infestées en provenance de réseaux peu utilisés ou mal entretenus (douche, tours aéro-réfrigérantes de climatisation extérieures) où elles prolifèrent, faute d’entretien, dans des eaux stagnantes et tièdes (on se souviendra notamment du cas de l’hôpital parisien Georges Pompidou neutralisé par ce fléau lors de sa livraison en 2001).

C’est sans compter, encore, avec le terrible radon. Ce gaz radioactif naturel, inodore et incolore s’infiltre par les fissures, les fourreaux de canalisations… et s’accumule dans les caves des maisons. Il est présent dans les sous-sols granitiques ou volcaniques (Bretagne, Massif Central, Corse...). Dans ces régions, l’Observatoire recommande tout particulièrement de prendre en compte ce risque et de ne pas négliger la ventilation, en particulier lors de travaux de rénovation énergétique3 .

Enfin, si la performance énergétique commande de construire et de rénover des bâtiments pour en faire des enveloppes de plus en plus étanches, elle impose également une grande vigilance sur le choix de la ventilation, sa conception, sa mise en œuvre et son entretien-maintenance.

Les architectes participent à la lutte en faveur de la qualité de l’air intérieur en sensibilisant les maîtres d’ouvrage à la prescription de produits de construction sains, de systèmes de ventilations performants et de contrat d’entretien-maintenance auprès d’entreprises spécialisées.

Pour en savoir plus avec l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur : www.oqai.fr  

 

12 RECOMMANDATIONS AUX HABITANTS

(D’après l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur)

  1. Aérez pendant plusieurs jours les pièces d'un bâtiment qui vient d'être construit ou rénové ou après l'installation de nouveaux mobiliers ou décorations ;
  2. Confiez l'entretien de vos appareils de combustion à des professionnels qualifiés ;
  3. Faites vérifier votre chaudière avant la période de froid par un professionnel qualifié ;
  4. Faites ramoner vos conduits de fumées : c’est obligatoire une fois par an pour le gaz et deux fois par an pour le fioul, le bois et le charbon ;
  5. Ne perturbez pas la circulation de l’air intérieur et n’arrêtez pas les systèmes de ventilation mécanique ;
  6. Faites faire un entretien complet de votre VMC tous les 3 ans environ (nettoyage et maintien des gaines, vérification des entrées d’air…). Pour les VMC double-flux, changez les filtres d’insufflation et d’extraction une à deux fois par an selon les zones, dont une fois au moins après la saison des pollens ;
  7. Réparez les fuites, les infiltrations d'eau chroniques (toitures, tuyauterie, plomberie, joints, maçonnerie, menuiseries...) le plus rapidement possible ;
  8. Après un dégât des eaux, asséchez le plus rapidement possible et remplacez si nécessaire les matériaux fortement endommagés (matelas, tapis, moquettes, revêtements...) ;
  9. Si des moisissures apparaissent, lavez immédiatement les surfaces contaminées avec de l'eau de Javel ;
  10. Maintenez un taux d’humidité compris entre 40 et 60 % et une température entre 18 à 22 °C.Au besoin, équipez-vous d’un hygromètre, qui permet de mesurer le taux d’humidité d’un mur ou d’une pièce ;
  11. Consultez l’étiquette « Émissions dans l’air intérieur » : elle signale le niveau d’émission en composés organiques volatils des produits de construction ou des revêtements de murs, sols ou plafonds (cloisons, panneaux, moquettes, papiers peints, peintures...), des produits nécessaires à leur mise en œuvre (isolants sous-couches, vernis, colles, adhésifs...) ;
  12. Si vous vous trouvez dans un département classé prioritaire face au risque radon, adoptez les mesures appropriées en fonction de la concentration en radon dans votre bâtiment.

 

1. Consultez : http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/etiquetage-des-produits-de-construction

2. Pour savoir si vous habitez dans une zone à potentiel radon consultez le site de l’IRSN(Institut de radio protection et de sureté nucléaire).

3. A propos des polluants domestiques, consultez notamment : https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-un-air-sain-chez-soi.pdf