Bonjour Anne Dumesnil ! Vous êtes depuis peu administratrice de la MAF. Quelles sont vos impressions ?
L’opportunité qui m’est donnée de pouvoir défendre ma profession et plus largement, tous les concepteurs est vraiment exaltante ! Je remercie sincèrement l’ensemble des adhérents qui ont voté pour cela à l’occasion de l’Assemblée Générale.
Mes premières participations aux conseil d’administration m’indiquent combien la matière est complexe. Toutefois, je n’ai qu’une ambition : être à la hauteur de ce qui est attendu.
Pourquoi rejoindre le conseil d'administration de la MAF ?
En ce qui me concerne, cet engagement est la réponse à une question que je me posais depuis quelques temps : que puis-je apporter à ma profession ? Si les modalités de mon engagement restaient floues jusqu’à peu, rejoindre la MAF m'offre une magnifique opportunité.
Qu’attendez-vous de cette fonction ? Que souhaitez-vous en faire ?
Les métiers de la conception font face à des procédures qui se complexifient, à une réglementation en mouvement permanent, à une systématisation de la recherche en responsabilité … Face à cela, j’espère aider nos professions à être plus fortes.
Ce combat n’est pas nouveau pour la MAF, et je la sais engagée sur ce sujet depuis longtemps. C’est un enjeu d’avenir crucial : mieux nous serons formés aux risques et accompagnés juridiquement, plus forts seront les concepteurs.
A quels risques pensez-vous en particulier ?
Je pense, entre autres, à toutes ces innovations qui nous demandent, à nous concepteurs, de l’audace et une part d’expérimentation, dans laquelle nous allons de bonne foi, mais qui nous exposent. Ce sentiment de parfois n’être que les seuls à jouer le jeu du « mieux construire » peut-être extrêmement frustrant …
En tant qu’administratrice, je souhaite contribuer à la synthèse entre bonne couverture et nouvelles pratiques.
Une ligne de crête ! Vous êtes vous-même architecte. Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je suis diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette dont je suis sortie en 2000. En 2005, j’ai intégré une agence bordelaise pour en devenir associée en 2009. Au gré de départs et d’évolutions, notre agence est Teisseire & Dumesnil architectes + associés depuis 2017.
Du logement collectif aux équipements sportifs, en passant par le bureau et l’hôtellerie, nous sommes une agence éminemment pluridisciplinaire.
Aux 15 collaborateurs de l’agence, s’ajoutent les 10 salariés de notre filiale spécialisée en économie de projet, missions de direction de travaux et OPC. En tout nous constituons un petit groupe de 25 personnes.
Vous ne réalisez pas de missions de suivi de chantier ?
Il faut surtout comprendre que les promoteurs et certains maîtres d’ouvrage confient presque systématiquement le suivi de la construction à des entreprises tierces. La création de cette filiale est un contre-pied permettant, dans ce cas, de conserver les marchés de réalisation qui nous échappent.
Quelles sont les raisons qui peuvent pousser un maître d’ouvrage à dissocier la conception de l’exécution ?
La posture peut paraître étonnante, mais il me semble que les raisons sont pragmatiques. J’imagine qu’un marché scindé se négocie plus facilement.
Malgré nos efforts, le constat est sans appel : la maîtrise d’ouvrage est obnubilée par le maintien des délais et du budget pour laquelle elle nous juge trop souvent incompétents. Sûrement ont-ils le sentiment d’une meilleure gestion lorsque la partie réalisation est détachée...
Un combat sur lequel la MAF est engagée depuis longtemps…
C’est le défi de notre époque. De plus en plus d’agences développent cette typologie de commande. Certaines vont plus loin en intégrant des bureaux d’études afin d’encadrer au mieux la mission.
En ce qui nous concerne, nous avons vu dans la création de cette entité spécialisée, un moyen de conserver une mission complète sur nos projets.
Pour autant, qu’on ne s’y trompe pas : personne ne me fera croire que la perte du chantier n’est pas une perte de compétences pour les concepteurs.
*Retrouvez la présentation de la gouvernance de la MAF dans le Rapport Annuel disponible sur l’espace adhérent.
Jean-Claude Martinez
« La MAF est organisée et dirigée dans le but de défendre le seul intérêt des concepteurs et de leur assurer la liberté de créer. Pour cela, elle peut compter sur son conseil d’administration. Il assure un lien puissant entre le monde de la construction et celui de l’assurance. Mes confrères et moi prenons les mesures que nous pensons être les plus adaptés à la protection de la maîtrise d’œuvre, de la ristourne mutualiste à la création de la Boîte à Outils Chantiers.
Notre efficacité réside dans la capacité du Conseil d’Administration à s’enrichir de toutes les nouvelles énergies, engagées et solidaires. Anne Dumesnil est de celles-là, par son envie d’œuvrer en faveur de la profession, par le regard qu’elle porte sur nos combats et sa volonté de conserver la maîtrise des projets de bout en bout.
Sa présence à nos côtés est une chance pour la MAF et ses adhérents. Nous sommes ravis de la compter parmi nous ! »
Jean-Claude Martinez, architecte et Président de la MAF
Devenir administrateur de la MAF
Tout adhérent titulaire d’un contrat de base encours, à jour de ses cotisations, peut postuler au poste d’administrateur. Les candidatures sont à adresser au secrétariat général de la MAF. Elles sont ensuite instruites par le comité des nominations du conseil d’administration. Cette instruction prend en compte les critères susceptibles de garantir la représentativité du conseil d’administration d’une mutuelle professionnelle : situation géographique, taille de l’agence, mode d’exercice, objectif de parité… Les candidatures retenues sont ensuite présentées au vote à l’assemblée générale.
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22 novembre 2024