Créée au Printemps 2001 par deux architectes, Patrick Coulombel et Jean-Paul Bertiaux, alors que la Somme faisait face à des crues exceptionnelles, la Fondation est aujourd’hui un acteur de l’urgence présent sur de nombreux fronts, de la vallée de la Vésubie en France à Beyrouth au Liban.
En ligne de mire, un constat : trop souvent, les budgets alloués en cas de catastrophe sont utilisés dans des solutions provisoires qu’un manque de réflexion et d’anticipation pérennise. « Des tentes à pas cher, d’une durabilité de quelques semaines (…) fleurissent et sont transformées en dur dans les mois et années qui suivent. Puis, l’argent ayant été inévitablement consommé par les étapes précédentes, la construction définitive n’a que rarement lieu » explique Patrick Coulombel, qui a passé les 20 dernières années à se rendre sur de nombreux théâtres d’opérations, dans 35 pays.
C’est là tout l’enjeu de l’intervention des professionnels de la construction : apporter savoir-faire et expertises indispensables dans l’audit de l’existant, l’anticipation des risques futurs et l’intégration de l’ensemble des facteurs à la réponse proposée, avec des moyens économiques souvent limités.
Nous maîtrisons toutes les étapes de la construction
La Fondation compose des équipes pluridisciplinaires associant architectes et ingénieurs. « Même dans un contexte d’urgence sanitaire absolue, on s’accorderait tous pour dire que pratiquer une intervention chirurgicale sans être soit même chirurgien n’est pas une bonne idée. Il en va de même pour la construction : elle doit rester le fait de professionnels » explique Alice Moreira, directrice de la Fondation.
Sur le terrain se croisent les impératifs. A celui de faire travailler une main d’œuvre locale pour que la construction profite à l’économie du territoire, s’ajoute celui de mener des études et d’appliquer des normes garantissant la qualité du bâti. A chaque instant, une question aiguille l’action : « scolariserions-nous nos enfants dans les écoles que nous construisons ? Vivrions-nous dans les maisons que nous proposons ? » interroge Patrick Coulombel.
Entre formation et suivi de projet, les équipes sur place posent un programme de construction cohérent, trouvent les financements et établissent le planning du chantier. Lorsque les chaînes d’approvisionnement font défaut, de petites unités de production locales sont créées d’où sortent briques, parpaings ou charpentes.
Une vision globale qui fait dire à Patrick Coulombel dans son livre « Arrêtons l’amateurisme au nom de l’urgence » (NBE éditions, 2020) : « notre travail est identique à celui des architectes d’il y a deux cent ans, nous maîtrisons toutes les étapes de la construction, depuis le dessin jusqu’à la livraison du bâtiment. »
Avec ces méthodes, les délais de réalisations sont imbattables : 2 mois et demi pour 20 maisons d’une quarantaine de mètres carrés, 3 mois pour une école de 4 classes …
De Beyrouth à Lambok, de Montreuil au Mozambique
Si l’épidémie bouscule les capacités d’intervention, la Fondation déploie habituellement ses équipes sur toute la surface du globe. Une capacité de projection à laquelle s’ajoutent des effectifs à géométrie variable. Les architectes et les ingénieurs sont souvent européens, les équipes, quant à elles, s’enrichissent sur place d’une main d’œuvre locale soucieuse de concourir à la reconstruction de son territoire.
« Sur certaines urgences, nous pilotons l’action de près de 500 personnes pour des durées qui vont de quelques mois, à plusieurs années ! Parfois, la fondation emploie environ 800 personnes en même temps » précise Alice Moreira.
Pour les concepteurs français curieux de tenter l’aventure, la Fondation propose plusieurs formats, allant des missions en Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) aux stages.
La MAF, assureur engagé
Le soutien de la MAF n’est pas nouveau : « depuis de nombreuses années, la MAF soutient la Fondation et subventionne une grande partie de l’assurance des architectes qui interviennent dans le cadre nos actions » poursuit Alice Moreira.
Un dispositif auquel s’ajoute cette année une nouveauté : « Le conseil d’administration de la MAF a décidé de proposer aux adhérents de soutenir la Fondation des Architectes de l’Urgence (FAU). Ainsi, sur le site de vote de l’assemblée générale, ils peuvent, s’ils le souhaitent, activer le versement de 3 euros par la MAF à cette fondation », explique Jean-Claude Martinez, président de la MAF. « Une bonne raison supplémentaire de voter, s’il en fallait une ! »
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20 décembre 2024