Bonjour Rémi Fromont ! Bienvenue à la MAF, dont vous êtes depuis peu administrateur !
Bonjour ! Merci à vous. Effectivement, j’ai rejoint le conseil d’administration à l’occasion de la dernière Assemblée Générale, organisée en juin dernier (2024). C’est une nouvelle étape dans ma relation avec la Mutuelle qui a débuté en même temps que mon activité, il y a une vingtaine d’années déjà !
J’ai toujours apprécié l’accompagnement et les outils proposés. Et puis le projet de reconstruction de la Cathédrale Notre-Dame m’a conduit à entretenir une relation particulière avec la MAF…
Oui, parce que précisons-le pour ceux qui n’auraient pas lu votre interview dans le MAF Informations n°103, disponible également depuis notre page web : vous êtes un des architectes en charge de la reconstruction de l’édifice, qui réouvre le 8 décembre prochain.
Effectivement, nous sommes dans la dernière ligne droite ! Forcément, la dernière marche semble un peu haute à franchir puisqu’il reste peu de temps (l’entretien a été réalisé le 25 octobre) mais jusqu’ici tout se passe très bien.
Et quelle aventure ! Du défi de la reconstruction jusqu’à sa livraison, nous aurons pu compter sur une mobilisation exceptionnelle. Tous les intervenants, tous les corps de métiers ont travaillé ensemble pour tenir le planning et surmonter les difficultés.
Cette rapidité, cette capacité à restituer en 5 ans une construction de plusieurs décennies, ne s’est pas faite au détriment de la qualité du projet. Tout ici est d’un excellent niveau et dans les standards des monuments historiques.
Peut-être est-ce dû justement au fait qu’il s’agissait de Notre-Dame ?
En ma qualité d’architecte des monuments historiques, je sais que l’exigence est présente sur chacun de nos projets. On voit souvent la nécessité de préserver notre patrimoine bâti, parce que les vieilles pierres nous parlent et nous racontent un morceau de notre histoire.
Mais avec, il y a des patrimoines qu’il est tout aussi important de conserver : les patrimoines immatériels et matériels. Le premier est la somme des savoir-faire et des métiers qui perdurent grâce à la restauration de monuments. Le second est l’art de travailler des matériaux parfois oubliés comme le plomb ou certains métaux.
C’est l’alliage de ces trois patrimoines qui vit dans la restauration de nos monuments.
Vous évoquez le rapprochement avec la MAF à l’occasion de ce chantier…
Oui, elle a fait partie de ces acteurs qui se mobilisent très vite et apportent des solutions concrètes. Nous concernant, cela est passé par énormément de prévention et la mise à disposition d’une équipe de juristes dédiés afin de relire et bâtir des contrats équilibrés.
Cette logique préventive, qui préfère agir en amont plutôt qu’à posteriori est bien connue des architectes du patrimoine car c’est que nous faisons au quotidien : nous recherchons les causes avant de réparer les conséquences.
C’est de cette manière que j’ai découvert cette posture vertueuse de la MAF, qui vise toujours à limiter les sinistres et donc à assurer une gestion saine des deniers des adhérents.
Et vous voilà donc administrateur. Qu’attendez-vous de cette fonction bénévole ?
De pouvoir partager mon expérience et qu’elle profite à notre profession. Je suis un architecte des monuments historiques donc mon regard est porté sur le bâti ancien et historique. Or on sait bien que la capacité à travailler sur l’existant, à réhabiliter plutôt que construire, va prendre une place de plus en plus importante.
Cette approche, ô combien vertueuse existe depuis toujours mais va devoir s’intensifier. Or je constate que les connaissances en la matière sont peu formalisées, qu’il y a peu de formations dédiées (exception faite de celles proposées par l’école de Chaillot, celle d’Avignon ou de Grenoble).
Je suis content de pouvoir apporter ma contribution car la MAF est un des acteurs en première ligne. Si notre assureur ne nous suit pas sur ces sujets-là, on n’y arrivera pas.
En parallèle, vous allez découvrir les enjeux de l’assurance.
Oui, et j’ai pour eux une grande curiosité ! L’analyse du risque m’intéresse beaucoup car elle nous touche directement dans notre pratique quotidienne. Nous vivons une époque où le durcissement des normes et des règles, l’inflation législative sont des réalités qui en côtoient une autre : les causes du dérèglement climatique. Comment gérerons nous les dizaines de milliers de constructions, patrimoniales ou récentes, qui seront touchées par des menaces nouvelles comme les retraits-gonflements des argiles qui vont s’accentuer avec l’alternance des périodes de sécheresse et d’intenses précipitations ?
Je n’ai pas encore les réponses, mais je suis heureux d’y apporter ma contribution !
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20 décembre 2024