Cette semaine, l’actualité du paysagisme met en lumière plusieurs innovations et évolutions réglementaires. Au programme : un nouvel outil d’évaluation de la biodiversité pour les entreprises, l’évolution des sites de compensation écologique, la protection des jardins familiaux face à l’urbanisation et les défis de la végétalisation urbaine pour les paysagistes.
paysagistes n°10

Conformité CSRD | Le diagnostic sur mesure d’ARP Astrance

ARP Astrance propose un outil innovant pour évaluer la biodiversité autour des bâtiments d’entreprise. Cette solution d’ingénierie écologique répond à la nouvelle directive européenne CSRD, qui oblige les sociétés à rendre compte de leurs impacts environnementaux.

Au cœur de la démarche : un diagnostic terrain réalisé par des écologues. Ils répertorient les espèces végétales et animales présentes sur les sites, en se focalisant sur trois aspects clés :

  • la qualité paysagère
  • la gestion écologique des espaces verts
  • les zones de rencontre entre salariés et nature (espaces de biophilie).

L’inventaire prend en compte les boisements, les zones humides, les haies, mais aussi les efforts de connexion avec les espaces naturels environnants et les dispositifs anticollisions pour les oiseaux. Les données récoltées permettent de comparer les sites entre eux et de mesurer leurs évolutions dans le temps.

Au-delà de la conformité réglementaire, cette démarche répond à un enjeu d’image pour les entreprises et de bien-être pour leurs salariés. Elle ouvre aussi la voie à des projets de renaturation valorisables au titre de la lutte contre l’artificialisation des sols.

De SNC à SNCRR | L’évolution de la restauration des espaces naturels

Les sites naturels de compensation, de restauration et de renaturation (SNCRR) sont une nouvelle catégorie d’espaces verts instaurée par la loi Industrie verte. Ils doivent permettre de relancer les efforts de compensation écologique par l’offre, en remplacement des sites naturels de compensation (SNC) qui n’ont connu qu’un succès limité jusqu’à présent.

Contrairement aux SNC, les SNCRR pourront non seulement servir à compenser les atteintes à la biodiversité, mais aussi répondre à des engagements volontaires d’entreprises ou de collectivités en faveur de la restauration des milieux naturels. Leur création devrait ainsi contribuer à une meilleure planification écologique sur les territoires.

Les agréments pour ces nouveaux sites seront délivrés au niveau régional par les préfets, sur avis des conseils scientifiques. Le gain écologique attendu sera mesuré en « unités de compensation, de restauration et de renaturation » qui pourront être vendues pour financer les opérations prévues. Actuellement en consultation publique, ce nouveau dispositif est vu comme un levier pour donner un nouvel élan à la compensation écologique « par l’offre » en France.

Les jardins familiaux face à l’urbanisation | La solution du PLU

Les jardins familiaux et ouvriers font partie intégrante du patrimoine paysager français. Cependant, leur préservation face à la pression immobilière en zone urbaine est un défi constant. Une réponse ministérielle récente rappelle que le Plan Local d’Urbanisme (PLU) offre des outils législatifs et réglementaires permettant de protéger ces espaces verts collectifs.

Par exemple, le Projet d’Aménagement et de Développement Durables (PADD) du PLU permet d’identifier les jardins familiaux comme des éléments à préserver et valoriser. Le règlement du PLU peut également localiser précisément ces jardins en tant qu’éléments culturels, historiques ou écologiques à protéger en vertu des articles L.151-19 et L.151-23 du Code de l’urbanisme.

En complément, la loi Climat et résilience de 2021 oblige désormais les PLU à prévoir des Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP), avec pour objectif la mise en valeur des continuités écologiques, dont les jardins familiaux peuvent faire partie intégrante. Les OAP peuvent également concerner le paysage et définir des normes pour préserver la qualité visuelle de ces espaces verts.

La végétalisation urbaine | Un nouveau défi pour les paysagistes

La végétalisation du bâti gagne du terrain, favorisant l’émergence d’une nouvelle expertise dans le secteur du paysagisme. Selon Laurent Bizot, président de l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep), la part de ces aménagements dans l’activité de ces entreprises atteint désormais près de 60 %, poussée notamment par la demande croissante en végétalisation des toitures-terrasses. Une tendance encouragée par le cadre réglementaire comme la loi Climat et Résilience.

Toutefois, les professionnels du paysage déplorent ne pas être consultés suffisamment en amont sur ces projets. Leur expertise permettrait pourtant d’optimiser les choix techniques et budgétaires dès la conception. L’Unep milite donc pour que le secteur du paysagisme soit systématiquement impliqué, afin de tirer pleinement parti des atouts esthétiques, écologiques et énergétiques des systèmes de végétalisation intensifs ou semi-intensifs.

Parallèlement, l’organisation cherche à valoriser ces nouveaux métiers émergents, très demandeurs de main-d’œuvre qualifiée, auprès des jeunes en insertion comme en reconversion. Un enjeu central pour accompagner le développement urbain durable.

Sur le même sujet