Le « temps de retour carbone » | La clé d’une rénovation éco-responsable
C’est dans le cadre du projet « Net zéro carbone » que l’application « Décarbone + Rénovation » a été présentée. Destinée aux étudiants de quatre CFA (Pays de la Loire, Île-de-France, Normandie et Grand Est), elle a pour but d’aider à la conception de projets de rénovation bas carbone. L’accent est mis sur le « temps de retour carbone » (TRC), qui représente le point d’équilibre entre l’empreinte carbone initiale de la rénovation et les avantages environnementaux de la rénovation.
Le TRC dépend de l’ampleur des travaux et des matériaux employés, surtout si ces derniers ont une forte empreinte carbone. Pour déterminer le TRC, l’analyse du cycle de vie est utilisée, en prenant en compte la consommation énergétique de la construction et l’empreinte carbone des nouveaux matériaux. Les recherches ont montré que la rénovation peut réduire le bilan carbone de 50 % par rapport aux standards de 2008.
Avec une bonne gestion, le TRC est d’environ 20 ans, contre plus de 50 ans s’il n’est pas optimisé. Choix des matériaux, réutilisation des structures existantes et adoption d’approches low-tech sont recommandés pour mener à bien cette démarche.
Gestion des eaux pluviales | La nouvelle approche d’Artelia
Le groupe d’ingénierie Artelia a lancé Méthod'O, une nouvelle approche prédictive pour gérer les eaux pluviales basée sur le logiciel de cartographie numérique Orus. Cette initiative vise à aider les collectivités à mieux aménager leurs territoires face aux défis des eaux pluviales. Parmi les exemples, le tout-à-l’égout : bien qu’efficace pour le transport et le stockage des eaux, il est responsable de l’augmentation du risque d’inondation, un enjeu majeur pour de nombreuses villes.
En produisant des modélisations hydrologiques qui évaluent la susceptibilité d’un territoire au ruissellement, Orus génère des cartes qui indiquent les zones à risque d’inondation. Ce système a été testé à Reims, où il a proposé des solutions plus économiques que les plans traditionnels pour gérer les inondations. Le modèle prend également en compte une dimension écologique, comme la protection de la biodiversité et la qualité de l’eau.
Orus est envisagé comme un « jumeau numérique », avec des mises à jour automatiques et un accès en open source. Artelia prévoit d’exporter cette technologie à l’international et de l’appliquer à d’autres problèmes environnementaux, comme la sécheresse.
Transition digitale dans le BTP | La vision d’Alban de Chasteigner
Alban de Chasteigner, BIM manager chez Ingérop et président du jury pour la première édition de Tech Show for Construction, a partagé sa vision de la transition digitale dans le BTP avec Le Moniteur. Le Tech Show ambitionne d’être un événement avec des perspectives plus larges que son prédécesseur, le BIM d’Or. Les dossiers présentés au pré jury montrent une diversité d’applications numériques dans la conception, avec une forte utilisation du BIM et des plateformes collaboratives en cloud. La gestion des données, notamment grâce à l’IA, est devenue centrale pour les « Chantiers numériques ».
Sur le plan environnemental, de nombreuses initiatives digitales sont évoquées pour traiter des enjeux tels que l’ensoleillement, la thermographie ou la réutilisation de matériaux. La maturité des entreprises françaises en matière de BIM varie : si les grandes entreprises l’adoptent, les TPE-PME sont en retard.
Alban De Chasteigner souligne que l’IA, en se basant sur de vastes ensembles de données, pourrait révolutionner la conception de bâtiments. Cependant, il met en garde contre les erreurs potentielles de l’IA et insiste sur la nécessité de vérifications humaines. La digitalisation pourrait surtout bénéficier à la sécurité des chantiers et à l’efficacité des tâches administratives. Enfin, il recommande l’utilisation de plateformes collaboratives pour centraliser les données des projets.
L’évolution de la façade | Du verre structurel à la durabilité
Le bureau d’études Eckersley O’Callaghan (EOC), fondé en 2004, a révolutionné la conception des façades, notamment grâce à des designs en verre structurel inspirés des Apple Store. Ces modules de verre atteignent aujourd’hui 20 m de long et augmentent la transparence des structures. L’évolution des technologies a en outre permis d’améliorer la sélectivité des couches solaires et les performances thermiques des vitrages.
Après le sommet Action Climat de 2019, EOC a redirigé 80 % de ses efforts vers la rénovation et la réutilisation des matériaux de façade. Malgré les défis posés par le réemploi des façades, l’entreprise étudie des techniques innovantes, comme l’utilisation du verre clamé qui peut être facilement démonté et recyclé.
La prise de conscience climatique influence également le recrutement des jeunes ingénieurs, qui aspirent à travailler sur des projets durables. La conservation des bâtiments est désormais une priorité, poussée par l’urgence climatique et les attentes des nouvelles générations.
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20 décembre 2024